Suite des aventures costarmoricaines de David et Mai

Si nous n'avons pas eu l'occasion d'échanger depuis notre dernière page de nouvelles, vous vous souvenez peut-être que nous vous avions laissés avec la mention de notre mobilisation fin 2019 contre la réforme des retraites... et quelques centimètres de barbe !

Fin décembre 2019, une rave party a eu lieu au nord de chez nous. J'ai cherché sur le site d'un quotidien si elle avait été localisée par les journalistes. Ma recherche n'a rien donné mais j'ai cliqué sur des articles qui évoquaient d'abord une éventuelle quatrième liste pour les élections municipales, puis les trois listes déjà annoncées. J'ai alors constaté que nous aurions le choix entre l'équipe sortante, historiquement socialiste mais qui avait le soutien du parti au pouvoir en France, l'opposition de droite et un « sans étiquette » qui marchait (sans mauvais jeu de mots) pour le candidat qui a finalement remporté la présidentielle. Bref, guère à notre goût.

Le 8 ou le 10 janvier, nous avons donc assisté à une réunion publique d'un collectif appelé « Terres de gauche ». Les priorités déclarées étant l'environnement et la santé, notamment, nous nous sommes inscrits pour que cette liste puisse exister et que nous sachions au moins pour laquelle voter au premier tour ! Le montage et le dépôt officiel d'une liste de 35 candidats en si peu de temps étaient évidemment loin d'être gagnés. Et le défi de convaincre des électeurs sur un programme crédible encore plus fou.

Nous avons bien fait d'accueillir Morwena et Hani le week-end des 25 et 26 janvier, avec une belle balade entre le Fort Lalatte et le Cap Fréhel, parce que le rythme déjà élevé s'est encore accéléré ensuite.

En fait, le premier trimestre entier a été intense pour tous les deux, entre les mobilisations contre la réforme des retraites puis, pour moi, contre la Loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR), avec notamment des colloques sauvages en centre-ville de Rennes en plus des manifestations, et les réunions Terres de gauche. Même nos vacances à Crest-Voland, du 22 au 28 février ont été occupées par ce travail politique, plus difficile et désagréable à distance.

Cela étant, nous avons tout de même beaucoup apprécié cette magnifique semaine de ski, un peu par tous les temps. Nous avions pu y aller en train, après avoir confié une grosse valise à Jeannot, le père de Mai, qui était descendu en voiture. Si on ne peut pas qualifier de bonne la nuit en TGV, nous réduisions au moins notre empreinte carbone et n'accumulions pas la fatigue de la conduite, ni à l'aller, ni au retour. Voici un petit aperçu des photos que nous avons pu prendre :

Au retour, la liste était déposée officiellement et il ne restait « plus qu'à » faire campagne ! Et, avant, monter un programme, accessoirement... Les réunions ont continué à s'enchaîner, les débats passionnés, vifs parfois, souvent intéressants, les échanges plus ou moins sereins via la liste de diffusion, puis les réunions publiques. Nous avons cherché à nous démarquer, à y mettre de l'humour au moment de se présenter, avant d'aborder les sujets qui nous préoccupaient (voire nous fâchaient). Personnellement, j'ai adopté un rôle qui m'a bien plu : proposer une synthèse à la fin de chaque réunion, en tenant compte des interventions des colistiers et des échanges avec le public. Le rebondissement de dernière minute a été un communiqué de la n° 2 sur la liste le vendredi, deux jours avant l'élection, pour annoncer qu'elle s'en désolidarisait, suite à une réponse que je lui avais faite. La dernière réunion, qui ne pouvait plus être publique en raison de l'épidémie que vous savez, a été consacrée à la réponse à faire au journaliste.

Bon... mais je m'étends, je m'étends et vous mourez sûrement d'envie de savoir quel a été le résultat de ce premier tour, non ?! Nous avons obtenu un peu plus de 9,3 % et sommes passés à quelque 32 voix (si mes souvenirs sont bons) du deuxième tour. Sans regrets, notamment parce que nous aurions eu une épine (sus-évoquée) dans le pied. La moitié des Lamballais qui sont allés voter avaient de toute façon montré qu'ils ne voulaient pas de changement. Nous nous sommes donc promis de travailler pour montrer la nécessité de changements importants. Mais avant, nous nous sommes retrouvés une dernière fois chez notre tête de liste.

Si nous avons évidemment accumulé de la fatigue lors de cette aventure électorale, nous y avons aussi gagné des amitiés. D'où le titre de cette partie !

Le lendemain, nous étions pourtant assignés à résidence, comme une bonne partie des habitants de la planète. J'aurais pu croire que cela me libérerait du temps pour aller jusqu'au bout de mon chantier « toilettes sèches », mais non : il n'est toujours pas fini. J'avais commencé au cours de ce premier trimestre en démontant la cuvette dans nos toilettes du bas.

« Chéri(e), tu t'es signé ton autorisation de sortie ? »

Au début de cette réclusion, Mai a expliqué aux parents de ses élèves que les enfants apprenaient beaucoup à jouer librement mais elle a aussi cherché ce qu'elle pouvait leur envoyer qui aide les parents à maintenir leur progéniture en contact avec la langue bretonne. Elle a d'abord trouvé des jeux ou autres ressources en ligne, notamment sur le site de Ti-embann ar skolioù (TES).

Mais elle a aussi pensé à enregistrer l'album sur lequel elle comptait travailler avec eux pour la numération. Je me suis dit qu'il y aurait peut-être moyen d'en faire un livre électronique et, après de rapides recherches, je me suis lancé car je voyais le moyen de le faire assez rapidement. Sauf que, des deux versions que nous voulions enregistrer au départ, le projet a pris de l'ampleur : proposer de quoi travailler le vocabulaire, des exercices, etc., puis rédiger aussi de quoi aider les parents qui ne parlent pas le breton, tout en donnant les instructions en breton aussi pour les rares qui le parlent. Passionnant ! Le résultat est ici mais chut ! Il ne faut pas le dire car la distribution de cette version électronique n'est autorisée qu'au titre de l'exception pédagogique : nous vous faisons confiance pour ne pas diffuser plus loin cette adresse.

Cela fait, Mai s'est replongée dans les ouvrages de Céline Alvarez, a commencé à imaginer sa classe à partir de septembre 2020 et a même mis en place des ateliers dès le déconfinement. Parallèlement, elle a acheté des plants à notre groupement de producteurs préféré, qui continuait de nous livrer nos légumes à un kilomètre de chez nous, et s'est essayée au potager. De mon côté, je me suis plongé dans les paquets de dossiers à évaluer. Nous avions un gros groupe d'étudiants en licence 3, de plus de 50 étudiants officiellement, dont la très grande majorité était sérieuse, appliquée, investie. C'était très agréable en cours mais, comme j'avais trois cours avec eux, cela représentait aussi environ 130-140 dossiers à évaluer... la partie de mon travail que j'aime par dessus tout, en plus ! (Vous aurez saisi l'ironie...)

Confinement et même déconfinement ont donc rimé pour moi avec : à longueur de journées « sur mon séant », devant mon écran et intestins réclamant du mouvement ! D'autant qu'ils trouvaient de quoi se tordre à la lecture de l'actualité, à la compréhension de la politique menée par nos dirigeants. Sur la lancée de la campagne électorale, j'avais même commencé une page de liens vers diverses informations. Je n'ai malheureusement pas continué de l'alimenter. Ce ne sont pourtant pas les informations intéressantes (ou pas !) qui manquent. J'ai tout de même eu une occasion de m'activer lorsqu'une attache de l'un de nos volets de portes-fenêtres a lâché. Grâce aux conseils avisés de Yannick (un de mes oncles), qui a travaillé dans le secteur des volets roulants, j'ai pu commandé la pièce et réparer. 🎶 « De son volet, il vient à bout. C'est peut-être un détail pour vous », mais pour lui ça veut dire debout ! » 🎶

Heureusement aussi que, pendant toute cette période, Valentine, notre enseignante de yoga n'a pas lâché le morceau et nous a proposé chaque semaine un cours par visioconférence, dont nous utilisions l'enregistrement. Au déconfinement, elle nous a proposé de faire les cours chez elle : sur la terrasse ou dans sa salle à manger par mauvais temps. C'était très chouette ! D'ailleurs, elle a immortalisé la méditation du Bouddha souriant de la séance du 20 mai.

Dès le déconfinement (et même un tout petit peu avant, je crois, le 16 mai, nous nous avons retrouvé la famille. D'abord à Kerpert, chez la mère de Mai. Les codes sociaux de salutations étaient perturbés mais le plaisir d'être à nouveau ensemble bien réel, quitte à respecter la distance... Si, si ! Regardez :

Ce qui est sûr, c'est que le soleil (oui, il brille même sur le Centre-Bretagne !... Parfois...) et le sourire des enfants ont fait beaucoup de bien à tout le monde.

Mai a ensuite repris l'école dans des conditions difficiles, avec un protocole de 60 pages (tout à fait impossible à respecter totalement, bien sûr) et surtout une organisation à s'arracher les cheveux pour que les enfants ne soient pas plus nombreux qu'autorisé dans la classe, que les groupes ne se croisent pas, etc. Mais elle a pu aussi dans cette période mettre en place ses premiers ateliers Montessori et constater avec satisfaction que les enfants accrochaient bien.

Le 31 mai, nous avons pu fêter l'anniversaire de ma mère, Régine pour les moins intimes de nos lecteurs, moyennant une recherche du rayon de 100 km autour de chez elle, de chez nous et de chez la famille BAMAL. Nous nous sommes ainsi retrouvés aux étangs d'Apigné pour un pique-nique joyeux ! Et c'est, je crois, dans cette période aussi que nous sommes enfin allés voir à vélo le menhir de Guihalon, tout près de chez nous ; il nous a impressionnés par sa taille.

Le 13 juin, la fameuse limite kilométrique ayant été levée, nous avons fêté celui de mes deux adorables jumelles de nièces comme d'habitude, chez elles à Andouillé. Enfin... le temps n'était pas aussi beau que les années passées et nous avons dû rester à l'intérieur.

Entre avril et juin, j'ai aussi étudié de très près la possibilité d'embaucher un ami, dans le cadre de l'association Roued que j'avais créée fin 2016, pour avancer sur un projet que je porte de longue date, celui d'une plateforme de mise en relation des locuteurs de breton. L'embauche s'est concrétisée le 22 juin. Il s'agissait en particulier d'alimenter le site web sur lequel l'agence web choisie en novembre 2019 avait bien avancé.

Le plein de famille

Avec tous les changements de calendrier en raison de la crise, de l'adaptation des examens à distance, etc., l'année universitaire s'est terminée tard pour moi. Pas plus tard que d'habitude, en réalité, mais avec des obligations pédagogiques (de type jurys) plus tardives et j'ai donc trouvé plus difficile de travailler à mes recherches. Après un été 2019 très mouvementé, comme vous savez (et si vous ne vous en souvenez pas, c'est encore ici), nous avions de toute façon décidé avant même la crise sanitaire de rester tranquilles chez nous, dans notre nouveau coin de paradis duquel aucun propriétaire malveillant ne pouvait nous chasser. C'est d'ailleurs vers début juillet, me semble-t-il, que j'ai préparé l'endroit où nous souhaitions planter une haie fruitière. J'ai donc joué de la fourche-bêche que nous avions commandée pendant le confinement, nous avons ramassé du crottin de cheval, abondant derrière chez nous avec le centre équestre, déplacé des feuilles patiemment entassées l'hiver dernier.

Mais bouger un peu plus encore nous allait aussi pour nous couper de notre environnement quotidien, laisser les ordinateurs derrière nous, nous activer, voir du pays. Nous avons ainsi d'abord fait un stage de kundalini yoga à la Chapelle-Chaussée, le week-end des 11 et 12 juillet. Au départ, il devait porter sur les quatre éléments mais, étant donné la situation, les organisateurs ont réduit la voilure : 2 jours au lieu de 4, moins de participants et un seul élément. Ce stage nouvelle formule s'intitulait donc Retrouver sa terre. Il nous a fait beaucoup de bien, non pas d'oublier le foutu virus, car nous en avons forcément parlé, mais de vivre tout autre chose que la peur d'autrui que les gouvernants stimulent.

Ensuite, nous avions prévu un petit périple à vélo en partant de chez nous, le 25 juillet, pour aller voir les parents de Mai. D'abord son père et sa compagne, Simone, à Locquirec où elle a une maison très bien située, avec la vue que voici :

Nous n'y sommes pas arrivés d'une traite. Nous avons d'abord fait une halte dans une chambre d'hôte à Pléguien, puis chez des amis, Pierre et Nathalie, à la Roche-Derrien. La première étape fut la plus arrosée, le cas où l'on apprécie de dormir au sec. La dernière étape était la plus courte mais aussi la plus difficile en termes de relief, d'autant que nous avons eu du vent. Après trois jours avec Jeannot et Simone, et aussi la famille CéKiLuMi, nous avons réenfourché nos destriers pour « descendre » à Kerpert, avec un transfert de Lannion à Guingamp en train pour pouvoir rester le plus possible sur le tour de Manche, c'est-à-dire un itinéraire balisé, en l'occurrence constitué d'une belle portion boisée entre Locquirec et Lannion. Mais le verbe « descendre » ne vaut que par rapport aux points cardinaux, car le dénivelé était globablement « positif » et le retour à Guingamp, deux jours plus tard pour rentrer dans nos pénates par le train à nouveau, a été largement plus facile. D'ailleurs, la pointe de vitesse du périple s'est produite sur cette portion : mon compteur a affiché un 68 km/h qui atteste de la pente et de la longueur de certaines côtes affrontées dans l'autre sens.

Cette année, nous avons en tout cas parcouru au total environ 270 km, et nous confirmons, après avoir fait moi la portion Morlaix - Saint-Brieuc du Tour de Manche en 2016, et tous les deux le périple québecois à vélo l'été précédent, que ce type de vacances nous plaît beaucoup. Petit diaporama...

J'y ajoute deux panoramas qui donnent un aperçu des paysages que nous avons traversés, si vous excusez la fusion approximative de mes clichés... :

 

 

Le lendemain de notre retour, le 3 août, arrivaient Anne-Maëlle, Arwen et Laïa. Ben était resté garder le chiot accueilli quelques semaines plus tôt. Ce petit séjour a été l'occasion pour les filles de découvrir le poney : Laïa en avait très envie et Arwen a profité du poney loué pour faire un petit essai. Les deux sont devenues adeptes et ont poursuivi en Mayenne depuis par plusieurs journées de stages. Nous sommes aussi allés à la plage, évidemment. Malheureusement, je n'ai dégainé l'appareil photo que dans la voiture quand elles dormaient ! Cela ne reflète évidemment pas les moments passés ensemble mais la position de Laïa est drôle.

Le mercredi 5 août sont arrivés mon père, Estelle, et mes trois petits frères, Loan, Solenn et Pierre. La semaine a été si remplie que, là non plus, je n'ai pas beaucoup sorti l'appareil photo. En vrac : plage du Val-André, patin à roulettes, spectacle équestre au haras de Lamballe, skate park, piscine, pique-nique sur la plage de Château Serein, balade à cheval pour les grands et à poney pour Pierre, guidée par Mai, parties de Voyage en France, lecture de BD et construction de cabane à quelques mètres de la maison pour Loan et Solenn... et même une initiation à la couture pour les trois gars qui se sont confectionné un petit sac en coton chacun, à commencer par Pierre qui voulait ranger les coquillages qu'il avait ramassés. Avec tout cela, nous ne sommes même pas encore allés dans les landes voir les empreintes de cerfs et de biches !

Nous ne vous cacherons pas qu'il nous a fait du bien de retrouver un peu de calme, seuls chez nous, dans les jours suivants ! J'en ai profité pour installer les deux volets roulants achetés pour nos fenêtres de toit et livrés en juillet. C'est cette fois mon oncle Jacques qui m'avait dit, à l'occasion d'une nuitée passée chez eux, que ce n'était pas compliqué et, sans réponse satisfaisante des artisans contactés avant cet échange, je me suis lancé et ne regrette pas l'économie ! 2020 aura donc été une année « volets », vous avez remarqué ?! Pas au point d'envisager une reconversion, mais nous sommes contents de ces volets de toit qui isolent davantage, aussi bien sur le plan thermique que sur le plan phonique.

Le reste du mois d'août s'est passé tranquillement, entre un vide-grenier, un repas avec les amis de Terres de gauche, le jardin, le chantier « toilettes sèches » déjà évoqué, la reprise progressive du travail...

Une année scolaire et universitaire... (vous compléterez vous-même avec l'adjectif le plus juste)

Pour Mai, la pré-rentrée s'est faite le 31 août, avant d'accueillir quelques enfants supplémentaires le lendemain. Sur le papier, ils sont 24 cette année, contre 17 l'an dernier. Certains foyers ont déménagé et le nombre de nouveaux élèves est donc de plus de sept. Le grand changement réside surtout dans l'ajout d'un niveau, comme toujours la deuxième année d'une filière bilingue. Récapitulons donc : tout petits, petits, moyens, grands et... CP ! Youhou ! Là aussi, vous aurez perçu l'ironie : c'est bien sûr une bonne nouvelle pour la filière bilingue à Lamballe mais c'est beaucoup beaucoup de travail. D'autant que, parmi les 4 CP, deux n'étaient pas en bilingue auparavant et ils ont donc tout à apprendre en breton. Sans compter que, parmi les nouveaux, il y a des enfants particulièrement difficiles qui s'ajoutent à ceux qui l'étaient l'an dernier.

À l'université, nous avons eu un répit, la direction ayant décidé de réduire le semestre de licence de 12 à 10 semaines, avec une rentrée pour tout le monde fin septembre. Cela devait nous laisser le temps de nous organiser et de nous préparer à un enseignement « hybride »... le nouveau mot magique, solution miracle à la crise sanitaire. Mes collègues responsables du master vous diraient les joies de concevoir des emplois du temps pour faire en sorte que nos promotions de master ne se croisent pas, alors que nous faisons tout d'ordinaire pour les faire travailler ensemble. Pour ma part, je refusais de repréparer des cours différemment et ai préféré, notamment, écrire un article scientifique dans lequel je tente d'expliquer pourquoi l'État français tolère la politique linguistique bretonne.

J'ai aussi vu dans le journal vers la mi-septembre que trois nageurs du coin recrutaient pour nager en mer avec eux et rester plus motivés en hiver. Je suis allé nager avec eux trois-quatre fois, je pense, avant les vacances de Toussaint. Après, j'ai eu des empêchements le week-end et, avec le confinement, je n'ai pas repris. Mais je compte bien les rappeler bientôt ! Ce qui est un peu pénible, c'est que cela me prend la matinée du dimanche, par exemple, pour une petite demi-heure dans l'eau, entre le trajet, la combinaison à mettre, puis à nettoyer au retour en même temps que le bonhomme, après un petit thé avec les autres. Mais c'est tout de même bien agréable !

Le 30 septembre, la plateforme de mise en relation des locuteurs de breton, appelée bev.bzh, était enfin en ligne ! Le temps d'en informer quelques associations, elle allait recueillir plus de 200 inscriptions en quelques semaines, avant que l'élan ne soit évidemment coupé par le deuxième confinement annoncé le 28 octobre. L'objectif déclaré est en effet de permettre aux utilisateurs de se rencontrer pour de vrai, loin des écrans, pour pratiquer notre langue...

Je reviens au début du mois d'octobre... La bonne nouvelle, après de longs mois d'incertitude, a été le vote définitif du choix d'un sujet de thèse que j'avais redéposé à la Région Bretagne début janvier. Nous avions un résultat positif officieux et la Région avait recommandé, contrairement à d'habitude, d'attendre que ce soit confirmé par le vote, au cas où la crise obligerait à des restrictions budgétaires immédiates. C'est donc mon ami Ronan qui a pu commencer la thèse proposée au 1er octobre, avec un cofinancement de la Région et de l'université. J'en suis bien évidemment très content, non seulement parce que c'est mon idée qui va prendre corps mais aussi parce que les collaborations mises en place avec un collègue de Colombie et une collègue de mon unité de recherche, qui enseigne l'arabe, sont vraiment prometteuses.

Côté enseignement, une fois le semestre commencé, il a bien sûr fallu que je m'adapte, que nous nous adaptions tous, pour faire cours une semaine sur deux aux étudiants de master 1 ou 2 à distance, et en présentiel pour l'autre promotion, avec tout ce que cela impliquait d'organisation logistique pour ne pas se retrouver à deux en visioconférence dans notre petit bureau que nous partageons habituellement à trois, par exemple. Avec les étudiants de licence, j'avais mes cours de licence 2 uniquement à distance, avec des groupes de plus de 30 étudiants sur le papier, mais j'ai eu cours normalement avec les étudiants de licence 3 pendant trois semaines, avant de devoir faire des demi-groupes... Bref, le bazar.

Pourtant, c'est seulement au mois de novembre que certains collègues ont commencé à se dire qu'il ne fallait peut-être pas attendre les syndicats et commencé à bouger. En effet, s'il avait été annoncé un arrêt des réformes, celle de l'université, elle, a bien continué à avancer avec la Loi de programmation de la recherche, contre laquelle nous nous étions déjà mobilisés avant le premier confinement. Après beaucoup d'événements au cours de l'été qui montraient clairement le mépris de notre ministre de tutelle pour les instances et la communauté universitaire, la loi est passée en procédure accélérée au Parlement entre octobre et novembre. Le projet a même été aggravé par le Sénat. Je vous passe les détails. Si cela vous intéresse, beaucoup d'articles expliquent très bien de quoi il retourne.

Mais la mobilisation est maintenant encore plus difficile que l'an dernier étant donné l'isolement de tous, les journées en visiocours (je vous conseille ce court-métrage de fiction sur l'enseignement à distance) ou visioréunions. En plus, la loi a été votée et promulguée le 24 décembre. Cela étant, les raisons de se mobiliser, elles, n'ont pas disparu, loin de là ! Nous avons donc surtout à trouver les formes de lutte qui rassembleront le plus pour proposer un autre modèle, y compris à moyen terme.

Nous avons tout de même poursuivi notre découverte de notre environnement immédiat, notamment par une balade « vélo-rando » le 26 octobre pour voir les Kervès, une grande allée couverte envahie par la végétation, puis la forêt de Saint-Aubin. Plus tard, nous avons fêté mon anniversaire le 16 novembre en amoureux et, pour l'occasion, je me suis enfin lancé dans la confection de mon gâteau préféré, que je réclamais si souvent à ma môman pour ce jour-là : le gâteau ganache ! Un dessert un rien chocolaté... J'ai donc demandé la recette à Maman, adapté avec nos substituts habituels aux produits laitiers et nous nous sommes régalés ! Bon, le biscuit m'avait paru peu épais et je n'avais pas osé le couper en trois couches, donc il manquait une couche de ganache mais c'était tout de même drôlement savoureux ! (Si j'anticipe un peu sur l'année 2021, je vous dirai que je l'ai refait pour l'anniversaire de Mai et que, cette fois-ci, j'ai réussi le découpage du biscuit en trois étages et fait fort opportunément la quantité plus importante de ganache proposée par la recette originale. À part Lupita, personne n'en a laissé une miette, malgré la bonne taille des parts distribuées !)

Le 2 décembre, au milieu d'une semaine d'arrêt pour Mai, épuisée par sa classe, son père, Jeannot, âgé de bientôt 88 ans, a chuté dans les escaliers et s'est fracturé une cervicale et deux dorsales. Avec les règles en vigueur dans les hôpitaux, il n'a même pas pu voir ses enfants tout de suite. Dur, très dur, pour lui comme pour son entourage. Lui qui se faisait une joie d'aller skier encore cet hiver ! Mais ses enfants étaient tous prêts à l'accompagner dans la pente à remonter pour retrouver sa condition physique. Il a de fait été debout très vite après son opération des vertèbres à Pontchaillou (Rennes). Malheureusement, il a rencontré des difficultés respiratoires dans la semaine qui a suivi, a dû être mis en réanimation, a subi une trachéotomie. Mais il a finalement pu être transféré à l'hôpital de Saint-Brieuc le 23 décembre (en hélicoptère un jour de tempête, il n'a pas apprécié le baptême !). Là, il s'est assez vite ennuyé, faute de rééducation, mais la déglutition ne revenait pas, donc il y est resté jusqu'au 18 janvier, jour où il a pu intégrer le centre de rééducation de Saint-Hélier à Rennes. Je déborde déjà sur 2021, là aussi, donc je précise juste que c'est en bonne voie et que nous espérons que la trachéotomie puisse lui être retirée le plus rapidement possible et qu'il puisse revenir dans le coin.

Le 23 décembre au soir, nous revenions, nous, de chez mon père, où nous avions passé un moment agréable avec ses trois gars ainsi que la famille BAMAL. La veille, nous avions enfin vu la nouvelle maison du frère de Mai, Jean-Michel, et sa famille à la Pouèze, où nous avions déjeuné avec Jean-Mi et Marion, puis nous avions dîné avec ma mère au Louroux-Béconnais. Maman nous a offert un jeu de dames bretonnes créé par le fils d'une de ses amies d'enfance et dont j'ai eu le plaisir de traduire les règles en breton. Nous en avons fait une partie et figurez-vous que Maman, pourtant pas vraiment férue de jeux de société, l'a gagnée !

Après cette agréable tournée angevine, nous sommes allés à Saint-Brieuc, chez Cécile, la sœur de Mai, pour un Noël avec sa famille, Jean-Mi, Marion et leurs enfants, ainsi que Michèle, la mère de Mai. Nous sommes restés jusqu'au 25 en fin d'après-midi. La semaine suivante, nous prévoyions d'aller à Lorient pour retrouver nos amis morbihannais mais Serge et Gaël ne pouvaient finalement pas et Patrig et Dominig ont, eux, attrapé le satané virus le dimanche 27. Nous avons donc annulé et avons reçu à la place Cécile, Milio et les enfants, avec qui nous passons toujours de très bons moments.

Elle est maintenant bien entamée mais nous vous souhaitons une très belle année 2021 ! Puisse-t-elle être plus sereine pour nous tous, avec l'énergie dont nous aurons besoin pour (re)construire, y compris notre immunité, plutôt que détruire.

David & Mai
Tél. : 02 56 16 90 09

P. S. : pour vous récompenser de votre patience, voici la photo la plus récente de mon évolution capillaire, prise par Mai le 3 janvier :